Les fours et leur utilisation

 

 

Les fours étaient un élément plus qu'important de la vie des villages corses quand les fours électriques et les cuisinières n'existaient pas encore. À Marignana, on peut en trouver 7 ou 8. À un four donné avait droit un quartier entier, ou un certain nombres de personnes. En conséquence, ils étaient disposés dans le village de manière assez régulière. Parfois, les maisons isolées ou loin du village avaient leur propre four. On y faisait essentiellement le pain, mais également tout ce qui était fait avec de la pâte, et selon les époques et les saisons de l'année : les bastelle pour la Toussaint et les Morts (en automne), les canistrelle et les panette pour Pâques, ...

Voici un extrait sonore qui concerne la fabrication du pain à l'époque, raconté dans le parler de Marignana.

  fornu è pane

Prima andavamu à e legne, dunque…tagliavamu e scope è l’albitru…faciamu..i fangotti..i fangotti di legne, e vultulavamu parchì e faciamu in la..in la..sopr’à u stradò in li pulloni. Pigliavamu cù e corde, e faciamu vultulà in lu stradò, è in lu stradò carcavamu u sumere, è ghjunghjiamu e legne à u fornu. Dopu, u ghjornu dopu, ci vulia à fà u pane..à u fornu. Allora a sera, a veghja, di u ghjornu di fà u pane, faciamu u levitu. U levitu, quand’è no faciamu u pane, lasciavamu sempre u ruime…lasciavamu u ruime, ci hè à dì un pezzu di..di pane..tralevitu. U ghjornu dopu, disdrughjemu issu ruime ind’ì l’acqua…eppo mittiamu l’acqua chì ci vulia, u sale, a farina, impastavamu impastavamu,…è…à travaglià bè a pasta, à sciacquittalla, da una manu à l’altra, à minà b… Bon’…è dopu, quand’ellu era compiu, di minà, bè, accugliiamu tuttu..in lu capu di a madia, è..è culà faciamu un pallone, eppo faciamu a croce, annantu..faciam..cù a nostra manu..ancù u tagliu di a manu, faciamu una croce à u mezu di..di u pallone di…di a…di a pasta……a impastata… : « San Martinu a cresca è San Petru a binadisca ». A cupriamu cù una…cù una pezza di saccu…micca una pezza…una pezza di saccu !…è a lasciavamu lività…dino' cusì. Quand’ella era levita ci hè à dì duie o trè ore dopu, si spianava u pane. Allora si tagliavanu i pezzi…tandu…a mane…prima scaldavamu u fornu, allora aghju dettu anu tutte quelle legne chì no aviamu ghjuntu accese... in lu fornu, eppo cù un palu, vultulavamu a… a brusta, è a faciamu andà inghjulocu. Quand’ì a…a……..quand’ì a volta era bianca - e petre di a volta di u fornu eranu bianche - u fornu era caldu ; allora tandu pigliavamu un palu, maiò ; à u capu di u palu, faciamu una… un mazzulu ! Faciamu un mazzulu di… di nocca. E…u liavamu bè à u palu, è cù a nocca, cù issu mazzulu di a nocca, spazzavamu u fornu. Tiravamu tutta a brusta è a cennare in l…ind’ì l’intrata di u fornu, è l’ammansavamu culà davanti ; quand’ì u fornu era bellu mundula…mundula…mundulatu bè …si chjamava a mondula.. què..bellu mundulatu, è…è tandu allora pigliavamu u pane, chì no aviamu falatu da in casa annant’à una tavula, ingutuppatu ind’una pezza di saccu, è u pigliavamu è u tagliavamu …euh…faciamu e misce… è a miscia, tagliavamu u pallone cusì, face chì ci facianu dui pani. Allora faciamu u pane è infurnavamu. E quand’ella finita…quand’ellu cuminciava à…in tantu in tantu, ne pigliavam…ne tiravamu unu cù a pala par vede s’ellu era bellu cottu. Certe volte, in li canti era…più cottu cà in lu mezu, allora u puntavamu è mittiamu quellu di u mezu è…è voilà. È u cacciavamu da u fornu è u cullavamu in casa.

En voici à présent une traduction :

D’abord, nous allions faire du bois, donc… Nous coupions de la bruyère et de l’arbousier… On faisait des ballots, des fagots… des fagots de bois, on les faisait rouler parce qu’on les coupait dans la… au-dessus de la route sous les châtaigners. On se servait des cordes, on les faisait rouler vers la route, et sur la route on chargeait l’âne et on apportait le bois au four. Ensuite, le jour suivant, il fallait faire le pain… au four. Alors le soir, la veille du jour où on devait faire le pain, on faisait la première pâte (u lévitu). Pour la première pâte, quand on faisait le pain, on laissait toujours le levain (u ruime)… on laissait toujours le levain, c’est-à-dire un morceau de.. pain.. qui avait trop levé (tralévitu). Le jour d’après, on dissolvait ce levain dans l’eau, et puis on ajoutait l’eau qu’il fallait, le sel, la farine, et on pétrissait, pétrissait longtemps la pâte, il fallait bien la travailler, la secouer, d’une main à l’autre, bien la battre…Bon… Et ensuite, quand on avait fini de bien battre la pâte, on rassemblait tout.. au bout du pétrin, et.. et là on faisait une grosse boule, et on faisait une croix..sur le dessus..on faisait..avec le tranchant de la main, on faisait une croix au milieu de .. de la boule.. de pâte… : « Que Saint-Martin la fasse grandir et que Saint-Pierre la bénisse ! ». On la recouvrait …avec un morceau de tissu… pas un morceau.. avec un morceau de tissu !... Et on la laissait lever.. à nouveau comme ça. Quand elle avait levé c’est-à-dire deux ou trois heures plus tard, on étalait la pâte du pain. Alors on coupait des morceaux.. auparavant.. le matin.. d’abord on chauffait le four, alors comme j’ai dit on avait toutes ce bois que l’on avait porté et allumé … dans le four,  puis avec une perche (un palu), on retournait la.. la braise, et on la faisait aller partout. Quand la.. la… quand la voûte était blanche – quand les pierres de la voûte étaient blanches – le four était chaud ; à ce moment-là, on prenait une grande perche ; au bout de cette perche, on faisait une.. un bouquet ! On faisait un bouquet de .. d’ellébore. Et.. on l’attachait bien à la perche, et avec l’ellébore, avec ce bouquet d’ellébore, on balayait le four. On amenait toute la braise et la cendre dans… dans l’entrée du four et on faisait un tas là-bas devant ; quand le four était bien « balayé » (N.D.T. : « mundulatu », du verbe « mundulà », intraduisible en français, mais qui a le sens de « balayer »).. On l’appelait la « mondula » ça (N.D.T. : « ça », c’est la perche avec le bouquet d’ellébore à son extrémité, d’où le verbe « mundulà » qui signifie « spazzà cù a mòndula », « balayer avec la mòndula »), bien balayé donc… Et alors on prenait le pain que nous avions avions descendu de la maison sur une planche, enveloppé dans un morceau de tissu, et nous le découpions… On faisait des miches… Et avec la miche, on coupait la boule comme ça, et ainsi ça nous faisait deux pains. Alors on faisait le pain, et on le mettait au four. Et quand c’était fini.. quand ça commençait à … De temps en temps, on en pren.. on en tirait un avec la pelle pour voir s’il était bien cuit. Parfois, sur les côtés, il était plus cuit qu’au milieu , alors on le poussait et on le mettait au milieu et.. et voilà. Et nous le sortions du four, et nous le montions à la maison.

 

 

une planche à pain

 

 

Voici la représentation simplifié d'un four. Le premier dessin le montre vu de dessus et la ligne tracée indique l'angle de coupe du second dessin. Le second dessin montre le four selon cet angle de coupe :

Voici un petit commentaire à propos de la fonction de la fumaghjola :

  a fumaghjola

È issu...issa fumaghjola ch'elli chjamanu in lu fornu,... quand'ellu era...spazzatu u fornu, mundulatu, è pulitu è ch'elli infurnavanu u pane, a fumaghjola a tappavanu, da fora. Mittianu un istracciu par ch'ellu..par tene u calore, chì u calore ùn si ne andessi micca... Fin'à chì u pane ùn fussi cottu.

Traduction :

Et ce...ce conduit de fumée (a fumaghjola) du four comme on l'appelait,... quand le four était... balayé, balayé avec la "mòndula", et propre et qu'ils mettaient le pain au four, ce conduit ils le bouchaient, de dehors. Ils mettaient un chiffon pour qu'il..pour garder la chaleur, que la chaleur ne s'en aille pas... Jusqu'à ce que le pain soit cuit.

un four classique dans le Carrughju, à Marignana

 

un buccaghjolu de ce four

 

autres fours de Marignana : celui des Forgule, celui entre la Place de l'Eglise et Tarriccia et celui de Tarriccia

 

un four à Sarreda

 

un four près de Carghjese

 

 

 

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